LA TAPISSERIE AVANT LE XIV3 SIÈCLE                  Ll
Étienne Boileau, l'intelligent exécuteur des volontés royales, ne (it que donner une rédaction précise et durable à des prescriptions établies avant lui, mais exposées jusque-là, comme tout ce qui est confié à la mémoire humaine, à se perdre ou à s'altérer.
Que l'établissement des corps de métiers ait précédé ou suivi le mouvement communal, peu nous importe. Toujours est-il admis aujourd'hui que la plupart des corporations, dont l'organisation fut définitivement réglée par le livre d'Etienne Boileau, existaient près d'un siècle avant le règne de saint Louis. La corporation des tapissiers de haute lice va nous fournir un argument décisif à l'appui des observations qui précèdent.
Un auteur l'a dit récemment avec beaucoup de sens : il est aussi difficile de préciser exactement la date de la naissance d'une in­dustrie que celle de sa mort. Combien d'années faut-il pour que des essais obscurs et timides aboutissent enfin à des résultats sa­tisfaisants? Un siècle souvent ne suffit pas à cette période de pré­paration occulte, et les premiers succès authentiquement consta­tés ont été presque toujours précédés de longs tâtonnements dont. il ne reste pas trace.
C'est ainsi que la corporation des tapissiers nous apparaît régu­lièrement organisée, déjà puissante et respectée au commencement du xive siècle, sans que nous connaissions rien des essais, des luttes, des premières manifestations antérieures à la constatation en quelque sorte officielle de son existence.
On s'est demandé si le métier de haute lice était une décou­verte, de l'industrie indigène ou une importation de l'Orient. U serait oiseux d'entrer ici dans l'examen de cette question. Que l'Orient ait connu bien avant nous tous les tissus et tous les outils employés à leur fabrication, c'est chose trop évidente pour avoir besoin de démonstration.
Or le métier du tisserand, premier point de départ du métier de basse lice, est aussi ancien que l'existence de l'humanité. Sa découverte et son usage remontent aux temps fabuleux. Quant à déterminer les diverses améliorations qu'il a reçues avant d'ar­river jusqu'à nous, et les -perfectionnements qu'il doit aux artisans de nos pays, c'est u ti problème bien ardu et dont la. solution n'aurait qu'un simple intérêt de curiosité.
ll y a tout lieu d'admettre que le métier dit de haute lice était connu des peuplés orientaux longtemps avant de faire son apparition